MARIO BUNGE

UNE CARICATURE DE LA SCIENCE
LA TRÈS NOUVELLE SOCIOLOGIE DE LA SCIENCE

Article inédit en français

Titre original en espagnol : " Una caricatura de la ciencia, la novísima sociología de la ciencia ".Cet article a paru dans la revue Interciencia,
Caracas, Venezuela, mars-avril 1991, vol. 16 n°2.

Traduction de l'espagnol : Adam HERMAN

Mise sur le réseau Internet
de la première édition : octobre 1997
de la deuxième édition, novembre 2001

Copyright, éditions VIGDOR, 1997.
ISBN 2-910243-92-3
Publication communiquée au Depôt légal et à la BNF : novembre 2001


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ABSTRACT

La nouvelle sociologie de la science (NSS), est née au milieu des années 1960, comme partie de la rébellion généralisée contre la science et la technique et à l'abri des philosophies antiscientifiques. Bien que la NSS ait des adeptes dans le monde entier, son centre est la Science Studies Unit de l'Université d'Édimbourg. L'organe de ce mouvement est la revue Social Studies of Science, née en 1970, et le livre le plus connu de cette école est Laboratory Life. The Social Construction of Scientific Facts (1979) de B. Latour et S. Woolgar.

La NSS n'est pas un mouvement homogène. Toutefois ses membres partagent les thèses suivantes : (a) l'externalisme, ou l'idée que le contenu conceptuel de la science est déterminé par son contexte social; (b) le constructivisme ou subjectivisme : l'idée que le chercheur construit non seulement ses hypothèses et artefacts mais aussi les faits eux-mêmes, et peut-être même le monde dans sa totalité (c) le relativisme, ou la thèse selon laquelle il n'y a pas de vérités objectives et universelles; (d) le pragmatisme, ou l'accent mis sur l'action et l'interaction aux dépens des idées, ainsi que l'identification de la science avec la technique; (e) l'ordinarisme, c'est-à-dire la thèse selon laquelle la recherche scientifique est une pure perspiration sans inspiration et le refus de lui accorder un statut spécial différent de celui de l'idéologie, la pseudoscience et même la non-science; (f) l'adoption de doctrines psychologiques surannées, comme le béhaviorisme et la psychanalyse et (g) le remplacement du positivisme, du rationalisme et d'autres philosophies classiques par des philosophies ascientifiques et même antiscientifiques, telles que la philosophie linguistique, la phénoménologie, l'existentialisme, l'herméneutique, la " théorie critique ", le marxisme fossilisé, le post-structuralisme ou l'école française de sémiotique.

L'examen de ces thèses, et leur évaluation par rapport à la pratique de la recherche scientifique, conduit à cette conclusion, que la NSS est une mauvaise caricature de la science et qu'elle déborde de philosophie obscurantiste.